Ce temps du Carême nous invite
à conscientiser le choix
qui s'offre à nous, à chaque instant,
que la nourriture soit matérielle,
émotionnelle, intellectuelle,
ou spirituelle :
dessert ou désert ?
Dessert :
Alors que je suis en train
de goûter la nourriture
que la Vie m'offre en cet instant,
je pense à celle
que je vais manger tout à l'heure...
J'en salive d'avance,
j'ai hâte d'y être :
du coup, je ne prête plus attention
à ce que je suis en train de goûter, maintenant...
Quand arrive le moment du dessert,
je n'ai plus "faim",
mais peu m'importe :
l'idée du plaisir que je vais avoir
l'emporte sur la réalité...
Je suis dans la dimension
du "toujours plus" :
toujours affamé,
j'agis à partir de mon manque...
Désert :
Je choisis de demeurer
dans l'espace du présent,
en recevant comme un cadeau
ce qui est là,
même lorsque son goût
n'a pas ma préférence.
J'ai conscience que c'est en demeurant là,
au cœur de ce qui est,
que je vais répondre à l'invitation
de goûter la complétude,
qui est ma nature véritable.
Plutôt que de tourner mon attention
vers ce dont je me nourris,
je choisis de me tourner
vers cela même qui goûte cette nourriture :
là, je pourrai goûter la paix
née du contentement d'être,
tout simplement.
Je nourris ma joie
en m'établissant dans le lieu
que les parts de moi affamées de dessert
aimeraient que je fuis :
je choisis d'y rester
car je sais que c'est là
que je découvrirai la réalité
de ce que Je Suis,
l'Etreté essentielle,
la Pure Présence
en laquelle tout apparaît.
Là, dans l'apparent lieu
de la "famine",
je découvre l'abondance de la manne,
nourriture sacrée de l'instant accueilli,
divine manifestation
de ma complétude infinie...
Dessert : le plaisir est "après",
dans quelque chose que je n'ai pas maintenant
et après lequel je cours, aveuglée par mon désir.
Désert : la joie est maintenant,
dans la présence ouverte à ce qui est, en cet instant :
ici, je m'établis, éveillée à la réalité.
Dessert, désert :
un "S" de différence entre les deux :
serpent du désir qui nous éloigne
des fruits de l'Arbre de Vie
pour nous proposer encore et encore
de manger ceux qui ne nous sont pas offerts
ici, maintenant, par la Vie...
Maintenant,
dans une seconde,
dans une minute,
dans une heure,
dans un jour,
je serai à nouveau face à ce choix :
dessert ou désert ?
Avec les moyens du moment,
un choix sera fait..
Dessert... ou désert...
Puissè-je être en paix
avec ce qui aura été choisi,
me souvenant que
rien n'est bien ou mal,
juste ou faux :
il n'y a que des conséquences
différentes selon mes choix...
Si le dessert de ce jour
ne me nourrit pas,
je pourrai demain
demeurer au désert.
Si le désert de ce jour
ne me comble pas,
je pourrai demain
goûter au dessert...
Mon esprit sera en paix
si je me souviens
que, quel que soit le choix,
ce sera toujours l'Un
qui s'en délectera...
Isabelle Padovani
www.communification.eu